18 décembre 2007

LE PROTECTIONNISME (à imprimer)

Introduction : Bien que les auteurs classiques tendent à démontrer que le développement des échanges entre nation est bénéfique pour tous les pays participant, il n'en demeure que les échanges peuvent ne pas être profitable pour tous de la même manière et qu'ils se traduisent aussi par un certain nombre d'effet négatifs à court ou moyen terme (l'abandon de certaines production fait augmenter le chômage...). Certains auteurs ont donc développé des thèses visant à justifier la mise en place de mesures protectionnistes afin de limiter temporairement les échanges internationaux. 1/ La thèse protectionniste : La critique de l'approche classique de la division internationale du travail : La théorie classique fondée sur les avantages comparatifs revient à considérer que chaque nation se spécialise à un moment donné dans la production des biens ou services pour lesquelles elle dispose d'un avantage en terme de coût de production. Une telle approche revient alors à structurer l'économie mondiale selon la logique de la division internationale du travail. Il en résulte qu'une fois cette spécialisation réalisée, les positions de chaque nation se trouve figées et qu'une nation en développement ne pourra se spécialiser sur la production de certains biens ou services déjà produits par d'autres pays qui disposent alors d'un avantage concurrentiel (économies d'échelle, effet d'apprentissage...) qu'il sera impossible de supplanter. Autant cette situation pouvait exister à une époque ou les échanges internationaux ne concernaient qu'un petit nombre de pays, autant, après la vague de décolonisation qui a suivie la seconde guerre mondiale, une telle situation risque de freiner, voire d'empêcher tout développement de nouvelles nations qui, faute d'un marché national suffisant, chercheraient à assoire leur développement sur le développement des échanges internationaux. Marx de la même manière, considère que le développement des échanges internationaux est défavorable aux pays en développement qui se spécialisent sur la production et l'exportation de matières premières alors que les pays développés se spécialisent sur la production et l'exportation de biens ayant un fort contenu capitalistique. Or, les termes de l'échange sont tels que la quantité de travail que renferment les exportations des pays en développement est inférieure à celle que renferment les exportations des pays capitalistes développés. Il en résulte qu'une telle division du travail au niveau international revient à exploiter les pays en développement en transférant une partie de la plue-value des pays en développement aux pays développés. Théorie de la protection dans le cadre des industries naissantes : Cette théorie a été développée par Messieurs List, Perroux et de Bernis et justifie la mise en place de procédure protectionnistes temporaire pour favoriser le développement de nouvelles industries. En protégeant l'industrie dans le premier temps de son développement, le pays permet à cette activité de réaliser des économies d'échelle et de bénéficier des gains d'apprentissage lui permettant de combler son désavantage compétitif initial. Il en résulte une baisse du coût moyen de production par rapport à celui des autres pays exportateurs de ce bien. Une fois que le coût moyen est égal ou inférieur à celui du reste du monde et donc que l'avantage comparatif du pays est établi, les mesures protectionnistes mises en places peuvent être supprimées. Exemple : un pays souhaitant se développer dans une production particulière va mettre en place des barrières tarifaires propres à rendre les productions étrangères de ce bien moins compétitive afin d'engendrer un accroissement de la production nationale au détriment des importations (phénomène de substitution). Cette accroissement de la demande adressée aux entreprises nationales permet à celles-ci d'accroître leur volume de production ce qui les fait bénéficier d'économies d'échelles. La diminution progressive des droits de douane accompagne alors les gains de productivité réalisés par les entreprises nationales qui vont peu à peu être en mesure d'exporter une partie de leur production en direction des autres pays. Il résulte de cette théorie que la division internationale du travail n'est pas figée et peut évoluer dans le temps au gré de l'insertion dans les échanges internationaux de nouvelles nations en voie de développement. Cette approche a notamment été mise en oeuvre dans certains pays asiatiques qui ont connu une croissance économique rapide et une insertion spectaculaire dans le circuit des échanges internationaux (les NPI). Les pays développés se trouvent alors confrontés à la nécessité de devoir s'adapter rapidement à la remise en cause de leur structure de production face à l'émergence de nouveaux concurrents sur la scène internationale. L'abandon progressif des productions à forte intensité de facteur travail risque alors de se traduire par un accroissement du chômage qui ne pourra être combattu que par un positionnement sur des productions ou la concurrence par les prix est moins forte (montée en gamme de la production) ou sur des productions fortement consommatrices en facteur capital. 2/ Les principales barrières aux échanges internationaux : Les États disposent de deux types de mesures pour limiter les échanges internationaux de biens et services : Les barrières tarifaires : Les barrières tarifaires représentent les droits de douanes que doivent acquitter les agents économiques étrangers qui souhaitent vendre un bien ou un service sur le marché national. Ces droits de douane qui présentent l'avantage de procurer des recettes budgétaires à l'Etat ont été progressivement supprimés suite aux différents accords internationaux issus des négociations menées dans le cadre du GATT ou dans le cadre de l'unification du marché unique européen. Ainsi, le niveau moyen des droits de douane est passé d'environ 40 % en 1947 à environ 18 % en 1962 et à 5 % en 1994. Cette baisse importante des droits de douane a incontestablement favorisé l'essor des échanges internationaux qui ont dans le même temps été multiplié par 17 alors que le PIB mondial n'augmentait dans le même temps "que" de 600 % (source : le GATT). Néanmoins, derrière cette quasi-suppression des droits de douane se cache la multiplication de barrières non tarifaires qui contribuent encore à freiner les échanges internationaux. Les barrières non tarifaires : Les barrières non tarifaires constituent la forme la plus répandue du protectionnisme contemporain et se distingue des droit de douane par le fait qu'il est plus ciblé, plus diffus (moins clairement visible) et qu'il peut prendre un grand nombre de formes : · subventions aux exportations : les Etat accordent des subventions qui permettent de diminuer artificiellement le prix des biens exportés, ce qui fausse la concurrence internationale. · les normes techniques de sécurité qui doivent être respectées par les biens ou services importés dans le soucis de garantir la sécurité des consommateurs et qui permet en fait de fermer le marché national à certaines productions étrangères. Ce type de mesure s'applique entre autre dans le domaine des jouets en provenance d'Asie. · les réglementations et démarches administratives que doivent remplir les importateurs pour pouvoir vendre leurs biens ou services sur le territoire national. En 1982 par exemple, l'Etat français a restreint les importations de magnétoscopes japonais en forçant les importateurs à effectuer le dédouanement de leurs produits à Poitiers dans un service volontairement sous-équipé. · les contingentements volontaires ou non qui limitent les quantités de biens ou services exportables sur un marché donné : cas de l'industrie automobile japonaise qui a "volontairement" limité ses exportations de véhicules dans le marché européen... L'impact de la suppression progressive des barrières tarifaires sur le développement des échanges internationaux ne doit pas cacher la multiplications des barrières non tarifaires mises en place pour limiter les effets de l'accroissement de la concurrence internationale sur l'économie nationale. D'un protectionnisme global et affiché, on tend donc à voir apparaître un protectionnisme caché, variable dans le temps et ciblé sur des branches spécifiques du système productif qui présentent un intérêt particulier pour un pays (branche stratégique, industrie employant une grande quantité de main d'œuvre...).

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