19 novembre 2007

Michelin en Asie

Michelin veut accélérer en Asie pour contrer l'offensive de Bridgestone Le groupe français s'est lancé dans un plan d'amélioration de sa productivité. En chine, il va doubler sa capacité de production dans les pneus poids lourds Le Monde du 20 novembre 2007 Malgré une forte concentration du marché du pneumatique, la bataille entre les groupes japonais Bridgestone, français Michelin et américain Goodyear s'intensifie. Les trois géants détiennent, à eux trois, 54 % du marché mondial, selon le magazine Tire Business. Mais Bridgestone, qui fait la course en tête, veut accélérer. Il y a quelques semaines, le groupe japonais a annoncé son intention d'investir 1,12 milliard de yens (6,8 milliards d'euros) d'ici 2013. Cet investissement représente une hausse de 14 % par rapport à celui réalisé en moyenne entre 2003 et 2008. Bridgestone va ouvrir de nouvelles usines au Mexique, en Pologne, en Hongrie mais aussi au japon. " Notre objectif est d'être le numéro un imbattable des pneus ", a déclaré Shoshi Arakawa, le patron de Bridgestone. Michelin a senti le danger et est en train de réagir pour ne pas se laisser distancer. " Ce n'est pas une surprise, confie Michel Rollier, gérant commandité du groupe Michelin. Et nous devons compter avec l'arrivée de nouveaux concurrents - des manufacturiers coréens et chinois - que nous prenons très au sérieux même s'ils ne sont pas encore des compétiteurs directs. Mais nos pneus sont plus chers et le resteront. C'est pour cela que je répète régulièrement que nous devons accélérer nos progrès en matière de productivité car elle est globalement inférieure à celles de nos concurrents. " M. Rollier affirme que l'essentiel du gisement de productivité est réalisable dans les usines existantes. Après la fermeture de son usine Kléber de Toul (Meurthe et Moselle), le groupe veut croire qu'il peut rendre la plupart de ses usines européennes très productives en développant l'automatisation. S'IMPLANTER EN INDE Chaque année, Michelin investi entre 1,3 et 1,4 milliard d'euros pas an et il prévoit d'accélérer le rythme. D'ores et déjà, il va " plus que doubler " sa capacité dans les pneus poids lourds de son usine de Shenyang, l'un de ses trois sites de production en Chine. Sans donner de chiffre précis, l'investissement représente plusieurs centaines de millions d'euros. Il a déjà investi 400 millions d'euros dans le pays où il emploie quelque 5 500 salariés. L'extension de Shenyang devrait s'achever au plus tard début 2010. Michelin compte aussi se développer en Chine dans le secteur des deux roues, dont il est actuellement absent, alors que des millions de vélos et de scooters électriques circulent dans les villes chinoises. Plus largement en Asie, Michelin veut occuper à long terme une part de marché équivalente à celle qu'il détient au niveau mondial, environ 20 %. Demain, ce pourrait être aussi l'Inde. Michel Rollier va s'y rendre dans les prochaines semaines. " Nous regardons et nous développons notre présence commerciale. Pour l'instant, le marché du poids lourd en Inde est en retard par rapport à la Chine mais il faudra que nous soyons présents un jour ", reconnaît M. Rollier. Michelin tente de s'implanter dans ce pays, alors que sa coopération nouée en 2003 avec l'indien Apollo Tyres a tourné court. Pour se maintenir en tête, Michelin dépense environ chaque année 600 millions d'euros en recherche et développement. Il tente de réduire au maximum le délai de mise sur le marché d'un nouveau pneu. Entre la recherche, le pré-développement et le développement pur, il faut compter entre huit et neuf ans. " Il y a encore quelques années, il fallait quatorze ans. Au total, entre 2005 et 2010, nous aurons divisé ce délai de plus de 50 % ", affirme Didier Miraton, cogérant du groupe. Face à l'augmentation rapide du parc automobile mondial, qui devrait atteindre, selon Michelin 1,6 milliard de véhicules en 2030 contre 850 millions aujourd'hui, le manufacturier parie sur son savoir-faire en matière de " pneus verts ", qui permettent de réduire la résistance au roulement et donc la consommation. Précurseur sur ce marché, Michelin veut promouvoir ces pneus à forte marge en plaidant pour l'instauration d'un label écologique européen, " d'ici un à trois ans ", espère M. Miraton. Un créneau auquel croient certains analystes. Credit Suisse a récemment relevé ses objectifs sur le cours de l'action Michelin, estimant que le groupe va profiter de la réglementation européenne sur les émissions de CO2. Nathalie Brafman

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