1 juin 2008

CORRECTION DISSERTATION SUR LA PRODUCTIVITE

Introduction Dès le début du xxè siècle, Henry Ford voit tout le bénéfice que l'industrie automobile peut tirer de l'application des théories de Taylor : la réalisation de gains de producti­vité importants- Ces gains résultent d'une amélioration de la productivité des facteurs de production, celle-ci pouvant ,se calculer par le rapport entre la quantité produite et la quantité de facteurs de production utilisés. Donc cela peut être un excédent de pro­duction obtenu avec la même quantité de facteurs ou bien la même production obtenue avec moins de facteurs. Les gains de productivité sont ainsi des économies réalisées par l'entreprise qui seront ensuite transformées en richesses à répartir. Réaliser de gains de productivité est un objectif essentiel pour l'entreprise mais peut-il satisfaire les salariés? Y a-t-il opposition entre l'intérêt de l'entreprise et celui des salariés dans la recherche des gains de productivité? Une première partie analysera les avantages d'une réalisation de gains de producti­vité pour les salariés et une deuxième partie présentera les limites. 1. LES GAINS DE PRODUCTIVITÉ SONT FAVORABLES AUX SALARIÉS A. Ils permettent d'améliorer les conditions de travail Un investissement dans la formation des salariés permet à la fois d'améliorer l'effi­cacité du facteur travail et de satisfaire les salariés. En effet, une qualification supérieure peut être source de promotion, de travail plus intéressant, de salaire plus élevé entraînant la motivation du salarié. La formation permettra au salarié d'être plus performant dans son travail donc plus productif, de mieux s'adapter aux évolu­tions de l'entreprise qu'elles soient économiques ou technologiques. Une amélioration des conditions de travail permet de concilier l' intérêt des uns et des autres. Ainsi, des machines plus ergonomiques, des horaires adaptés aux besoins des salariés améliorent à la fois productivité du travail et satisfaction des salariés. Les conditions de travail physiques ou psychologiques ont également un impact sur la santé des salariés, sur l'assiduité au travail et sur les performances du personnel. Enfin, l'entreprise peut investir dans les locaux, dans du matériel performant. Ou encore baisser le temps de travail et embaucher. B. De nouveaux gains de productivité peuvent avoir des effets positifs sur les salariés Les gains de productivité représentent un supplément de richesse pour l'entreprise et le partage de ces gains peut être profitable aux salariés. Ainsi, l'entreprise peut déci­der d'augmenter les salaires, garantissant aux salariés une amélioration de leur pouvoir d'achat, d'améliorer les conditions de travail en investissant dans les locaux, dans du matériel performant. de baisser le temps de travail ou encore de créer des emplois. A long terme, le fait de produire plus à moindre coût est un facteur de compétitivité pour l'entreprise qui peut lui assurer une croissance future donc une augmentation de la valeur ajoutée créée dont la répartition peut être favorable aux salariés. Plus de croissance peut garantir le maintien voire la création d'emplois dans l'entreprise. De même la baisse des prix est favorable aux salariés qui sont aussi des consommateurs. Leur pouvoir d'achat augmente, ce qui offre de nouveaux débouchés et enclenche un cercle économique vertueux. De façon générale, les gains de pouvoir d'achat induits par les gains de productivité se traduisent par des dépenses supplémentaires, donc par une croissance économique dans son ensemble qui suscite des créations d'emplois dans différents secteurs. C'est ce qu'Alfred Sauvy appelait le déversement : des emplois disparaissent dans certains secteurs comme l'automobile et d'autres apparaissent dans les services, par exemple les services de communication. Mais la recherche de la productivité à tout prix peut aussi avoir des effets négatifs. II LA RÉALISATION DES GAINS DE PRODUCTIVITE PEUT SE FAIRE AU DÉTRIMENT DES SALARIÉS A. Les moyens utilisés par l'entreprise peuvent être contraires à l'intérêt des salariés Lorsque l'entreprise réalise des investissements de productivité, cela risque d'entraî­ner une substitution du capital au travail et donc des pertes d'emplois pour les salariés. Ainsi dans l'industrie de façon générale, la robotisation a provoqué une forte diminution du personnel dans ce secteur d'activité. Or les salariés qui perdent leur emploi dans ces circonstances n'ont pas nécessairement la compétence nécessaire pour s'adapter à de nouvelles fonctions, les salariés non qualifiés et âgés sont alors les grands perdants. Pour améliorer la productivité du travail, l'entreprise peut choisir de mettre en place une organisation du travail de type taylorienne, stressante pour le salarié et peu moti­vante, Ainsi, aujourd'hui dans l'hôtellerie ou la restauration rapide, l'organisation du travail repose encore sur des principes de parcellisation des tâches et de cadence éle­vée. Le travail est alors répétitif, les responsabilités sont limitées. B. Le partage des gains de productivité peut être défavorable aux salariés Le surplus de productivité réalisé par l'entreprise peut être partagé entre tous les acteurs économiques : l'État et les administrations publiques, les clients, les salariés, les apporteurs de capitaux ou l'entreprise elle-même. Ainsi, si l'entreprise réalise des gains de productivité. l'Etal peut en profiter par une augmentation des recettes fis­cales perçues, les clients peuvent bénéficier d'une baisse des prix de vente des produits, les salariés par une augmentation des salaires, les apporteurs de capitaux par une augmentation des dividendes reçus et l'entreprise par une augmentation de ses profits. Les salariés ne sont donc pas certains de profiter de ces richesses nouvelles. Ils se trouvent en concurrence avec les autres acteurs économiques, tout dépend donc du rapport de force dans l'entreprise et de la façon dont l'entreprise gère les conflits de pouvoirs pour le partage des gains de productivité. Ainsi, dans les grandes entreprises cotées en bourse, les actionnaires sont souvent puissants et exigeants quant à la dis­tribution de dividendes. De même, dans un contexte de concurrence internationale forte, les entreprises peuvent privilégier la diminution du prix de leurs produits au détriment des salaires. Conclusion Le partage des gains de productivité est une source permanente de conflits dans les entreprises car tous veulent profiter des richesses supplémentaires créées, Mais d'un point de vue macroéconomique, les gains de productivité sont source de croissance économique, bénéfique pour tous les acteurs économiques à condition qu'ils soient obtenus dans des conditions satisfaisantes et qu'ils soient équitable ment répartis. Cependant la hausse de la productivité peut avoir aussi des conséquences négatives quand elle n'est pas maîtrisée : • détérioration des conditions de travail ; • croissance peu respectueuse de l'environnement ; • tension dans la répartition de ces gains entre capital et travail.

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