15 janvier 2008

Zone euro et Politique agricole commune

FOCUS SUR LA ZONE EURO L'euro s'apprécie parce qu'il continue à consolider ses positions internationales. Il est, depuis 2004, la première devise mondiale sur les marchés obligataires, 47 % du stock de titres de dettes internationaux étant libellés en euros contre un peu plus de 30 % en dollars. Sa part dans le libellé des échanges internationaux est croissante, grâce notamment à son rôle dominant dans les échanges de l'Europe avec son voisinage. La part de l'euro dans les réserves officielles de change a atteint 25 % (contre encore 65 % pour le dollar). L'euro est devenu la deuxième monnaie mondiale. Ce sont ainsi 40 pays qui ont établi un lien monétaire officiel avec l'euro, et les mouvements de la devise européenne face au dollar se retrouvent de plus en plus dans les propres variations de la livre sterling, mais aussi dans celles des devises du Canada, de l'Australie ou d'Amérique latine. Cette puissance monétaire de l'Europe repose sur des fondements très solides. Elle découle tout d'abord du poids économique de la zone euro : 22 % du PIB mondial (27 % pour les Etats-Unis), 13 % du commerce mondial (hors échanges intra-européens) et un marché intégré de 320 millions d'habitants aujourd'hui (300 millions d'habitants aux Etats-Unis). L'euro s'appuie également sur un système financier puissant et compétitif, notamment son secteur bancaire, dont l'intégration a notablement progressé dans les dernières années. Enfin, les investisseurs du monde entier ont confiance dans la stabilité à long terme de la valeur de l'euro. L'euro est donc un succès. La forte demande dont notre monnaie fait l'objet est structurelle sur le marché des changes face à un déficit courant américain qui sera long à résorber et à une volonté des pays émergents de diversifier leurs réserves en devises. En outre, dans un monde financier en turbulence, la zone euro apparaît comme un pôle de stabilité attractif. On ne le dit pas assez, cette appréciation de l'euro n'a pas que des effets négatifs. Elle protège significativement le pouvoir d'achat des Européens face à la montée des prix des matières premières, en particulier du pétrole, et renforce ce pouvoir d'achat à l'extérieur. LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE : les revers de la réforme de la PAC. La réforme de la politique agricole commune (PAC) décidée en 2003, est bâtie sur un principe simple : le découplage. Il s'agit de séparer - découpler - l'aide financière du volume de production. Le droit à paiement unique est calculé sur des critères physiques indépendants de la production. Quatre ans plus tard, deux inconvénients majeurs apparaissent. En premier lieu, la réforme était conçue pour casser les surproductions et faire baisser les prix. Or, aujourd'hui, le contexte est très exactement inverse de la situation qui prévalait en 2003. Les prix du lait explosent et pourtant, l'offre ne répond pas. Il manque 2 milliards à 3 milliards de litres en Europe et 200 000 vaches laitières en France. L'augmentation du nombre des vaches laitières se traduirait par une augmentation du cheptel de viande. Après s'être sortis de la crise bovine des années 1990, les éleveurs ne sont pas enthousiastes à cette perspective. En second lieu, la PAC a changé de nature : elle a perdu son côté « politique industrielle » encourageant la productivité, et elle est devenue une politique sociale, en transformant l'aide européenne en une simple aide aux revenus. Les éleveurs se sont détournés de la production de lait pour préférer des productions moins contraignantes ; le déclin des collectes a commencé en 2004, première année d'application de la réforme.

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